Vorges

L’article complet et illustré de Michel Ballan dans l’Echo de Vorges 58

Un combattant dans l’aviation en 1915-1918 : André VERSCHUEREN

Lucien BARDON, Vorgien passionné d’avions et constructeur de nombreux modèles reproduits au 1/3, équipés de moteurs permettant à ces appareils des prouesses aériennes spectaculaires, nous a permis de découvrir l’activité de son grand-père : André VERSCHUEREN.

Celui-ci, né à LILLE le 12 avril 1896, travaillant dans l’imprimerie, s’engage en janvier 1915 au 49ème Régiment d’Artillerie de Campagne.

De l’Artillerie à l’Aviation

1er Canonnier conducteur en mars 1915, nommé Brigadier en juillet, il rejoindra le 109e d’Artillerie lourde, et passera à l’Aviation le 3 décembre 1916, en qualité de mitrailleur.

CAZAUX

André VERSCHUEREN entre à l’Ecole de Tir Aérien de Cazaux, école créée en 1914 pour l’instruction des pilotes et des mitrailleurs de l’aéronautique militaire ; il s’entraînera au tir à la mitrailleuse de décembre 1916 à janvier 1917. (L’Ecole située en Gironde, au sud d’Arcachon, abrite de nos jours l’école des pilotes de chasse et des unités de combat de l’armée de l’air.)

Il intègre la Division MF-V (Maurice Farman-Voisin) en qualité de mitrailleur.

AVORD

Février 1917, il entre à l’Ecole d’Aviation Militaire du Camp d’Avord (à l’est de Bourges, dans le Cher) dans le cadre de la Division Aérienne de Bombardement ; il volera comme passager, observateur et mitrailleur sur des avions ‘’Voisin’’ de bombardement : ‘’Voisin’’ type 3 et type 4 à double commande destinés à la formation des pilotes.

G.D.E.

En mars, il intègre la Division de Bombardement au sein du Groupe des Divisions d’Entraînement, et va voler sur différents types d’avions : Sopwith (Anglais), Maurice Farman (MF 7), Voisin Peugeot (Voisin 8), Moineau (Salmson-Moineau SM-1)

Escadrille V.B. 101

En avril, de Bron (près de Lyon) il rejoint l’Escadrille V.B. 101 (escadrille Voisin de Bombardement), basée à Cramaille (entre Fère-en-Tardenois et Oulchy-le-Château) à une trentaine de km à l’arrière du front. L’escadrille est équipée de ‘’Voisin 8’’ avion biplan utilisé pour les opérations de bombardement de nuit, armé de deux mitrailleuses et pouvant être chargé de 180 kg de bombes portées sous les ailes ou en nacelle. L’avion est doté d’un moteur Peugeot de 220 cv, lui permettant de voler à 130 km/h, d’atteindre une altitude de 4.300 m et d’avoir une autonomie de vol de 4 heures.
Du 29 avril au 15 juin, il effectuera de nombreuses missions de bombardement de nuit sur des gares et des dépôts de munitions dans notre région : Montcornet, Sissonne, Coucy-les-Eppes, Festieux, Gizy.
Lors d’une de ses missions, le 12 mai, ayant pour objectif Festieux, les tirs ennemis et plusieurs balles dans l’appareil, contraignent l’équipage à renoncer à sa mission.

En juillet, l’Escadrille rejoint la Lorraine, et s’installe sur le plateau de Malzéville (banlieue nord de Nancy) où elle sera rejointe par l’Escadrille F 130. De là, des opérations sont conduites sur la Lorraine occupée et plus particulièrement sur la gare de Thionville. En août, André Verschueren intègre la formation de l’Escadrille F 130, et va bombarder le terrain d’aviation de Metz-Frescaty.

Escadrille F 130

L’Escadrille F 130 qui a quitté Luxeuil-les-Bains et rejoint l’Escadrille VB 101 est dotée de Farman F 40, cet escadrille va se transformer et s’équiper d’avions Caproni ‘’CEP 2B2’’, avions Italiens fabriqués sous licence par la société Robert-Esnault-Pelterie, devenant ainsi l’Escadrille CEP 130. Elle est intégrée au 2e Groupe de Bombardement ‘’GB 2’’.
Les bombardiers Caproni sont équipés de 3 moteurs Fiat permettant de voler à 150 km/h, d’atteindre une altitude de 4.500 m et d’avoir une autonomie de vol de 4 heures.
En septembre, André Verschueren avec comme pilote Béchet effectue plusieurs missions sur Thionville, dont celle du 4 septembre où l’avion reçoit 3 éclats d’obus qui détruisent un moteur.
Le 30 septembre, c’est retour au bercail après réception de 12 balles dans l’appareil.
En octobre, il assure de nombreuses missions sur Thionville, Metz-Woippy, Hagondange.
En novembre l’escadrille est entièrement équipée d’avions Caproni construits en Italie ‘’CAP 2B2’’
devenant l’Escadrille CAP 130.

1918

Janvier 1918, trois missions de bombardement de nuit consécutives sur la gare d’Arnaville, au sud-ouest de Metz, avec le pilote Antiquet ; 8 bombes larguées à chaque mission. A cette occasion, il sera honoré d’une citation : Cité à l’ordre du 2e Groupe de Bombardement le 30 janvier 1918 :
« Excellent bombardier, très consciencieux - dans la nuit du 3 janvier, a exécuté 3 bombardements consécutifs sur la gare d’Arnaville en Moselle ».
Le 12 janvier, l’Escadrille CAP 130 rejoint le terrain d’Epiez dans la Meuse, au sud de Vaucouleurs.
Du 26 janvier au 12 février, nombreux entraînements de jour.
Le 26 février, reprise des missions de bombardement de nuit sur la Lorraine et le Luxembourg : Chambley, Bettembourg, Luxembourg et Thionville ; ce jusqu’au 30 mars.

En avril, retour sur la région en Champagne, où le 2e Groupe de Bombardement (GB 2) occupe le terrain de Villeneuve près de Vertus, au sud d’Epernay, pouvant ainsi intervenir sur les arrières de l’ennemi. Les bombardements de nuit se succèdent sur les gares de Saint Quentin, d’Hirson, d’Asfeld, avec le Caproni n° 111, piloté par le Sergent Leudière ; le Caproni n° 118 piloté par le Lieutenant de Leseps. Entre ces missions, André Verschueren sera nommé Maréchal des Logis le 12 avril.

En mai, bombardements de nuit : terrain d’aviation de Clermont-les-Fermes ; gare du Chatelet-sur-Retourne (Ardennes) ; gare de Montcornet (avec de très bons résultats et … un éclat d’obus dans l’appareil) ; gare de Saint Erme ; Festieux et reconnaissance sur Laon, La Fère, Saint Quentin, Ham, Noyon ; le 30 mai : 2 missions sur la gare de Fismes, avec de bons résultats ; le 31 sur la gare de Laon, et survol de Reims en feu au retour.

En juin, bombardement de la gare de Fère-en-Tardenois, 2 missions consécutives sur Braine dans la nuit du 1er au 2, suivies de même par 2 missions dans la nuit du 2 au 3 sur Laon et Amifontaine et enfin par 2 missions dans la nuit du 3 au 4 sur le Pont de Berry-au-Bac ; opérations pour lesquelles il sera cité à l’Ordre de l’Armée.
Citation du 14 octobre 1918 :
Mitrailleur brave autant que modeste, a effectué 68 bombardements en dépit de la D.C.A. ennemie,
A attaqué à quatre reprises différentes le même objectif dans les nuits du 2 au 4 juin

Les opérations se succèdent sans interruption : gare de Soissons, gare de St Quentin, Etat-major Allemand à Mont-Notre-Dame, gare de Breuil-sur-Vesle, gare de Fère-en-Tardenois, gare de Noyant-et-Aconin, reconnaissance sur la vallée de l’Ourcq.

A l’issue de cette période, son Carnet d’Emploi du Temps sera visé par Le Lieutenant de Lesseps, Chef d’escadrille de l’Escadrille C.E.P. 115, avec lequel il avait effectué plusieurs missions.

Juillet 1918 :

Les missions se succèdent, certaines avec quelques incidents ; le 4 juillet, panne d’un moteur, retour sur la base avec les bombes ! le 15 juillet, retour de Fismes avec des éclats de shrapnel dans l’appareil, et début d’incendie à bord ! le 18 juillet, bombardement de la gare de Laon avec l’avion piloté par le Lieutenant de Lesseps, accompagné du Lieutenant Vitali : très bons résultats, retour avec des éclats d’obus dans l’appareil ! 19 juillet, bombardement très réussi de la gare de Fère-en-Tardenois avec le même équipage sur le Caproni n° 118 ! le 22 juillet : en mission sur le Champ de Bataille, un moteur a des ratés et tombe en panne au-dessus des lignes : merci au Caproni d’avoir 3 moteurs !

Août 1918 :

Retour en Lorraine : nombreuses missions de bombardement de nuit sur la gare de Thionville, avec le Caproni n° 118, piloté par le Lieutenant de Lesseps qui sera nommé Capitaine peu de temps après.
2 missions dans la nuit du 20 au 21 août, suivies de 2 missions dans la nuit du 21 au 22, avec d’excellents résultats lors de cette dernière mission. André Verschueren, sera de nouveau cité à l’Ordre du GB 2 et une fois encore à l’Ordre de l’Armée, le 16 octobre 1918 pour ce même exploit.

Septembre-octobre 1918 :

Les opérations de bombardement de nuit continuent : Conflans-Jarny, , champ d’aviation de Longuyon, gare de Dommary-Baroncourt, gares de Longuyon et de Stenay la nuit du 26 au 27 septembre avec le Capitaine de Lesseps sur le Caproni n° 118. Les opérations s’arrêtent avec la progression des armées alliées. André Verschueren sera nommé Adjudant le 5 novembre 1918. Après la fin du conflit, il convoiera différents avions vers Paris et Le Bourget.

Son engagement prendra fin à Vaucouleurs le 4 juin 1919, sous les couleurs de l’Escadrille C 115.
Rentré dans ses foyers, il passera dans la 2e Réserve le 15 avril 1935, et sera définitivement libéré de ses obligations militaires le 15 avril 1943.

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pu retracer sa carrière militaire grâce aux documents conservés par son petit-fils Lucien Bardon : Livret Militaire, Carnet d’Emploi du Temps dans l’Aviation, Citations du GB 2 et de l’Armée (Général de Castelnau) ainsi que des photographies personnelles.
Nous avons pu découvrir un combattant qui par ses actions a considérablement contribué à affaiblir l’ennemi en détruisant bon nombre d’infrastructures, de dépôts de matériels et de munitions.

La plongée dans les Archives du Service Historique de l’Armée et la documentation sur l’aviation militaire pendant la première guerre mondiale ont permis de compléter ces informations et de découvrir en particulier les lieux de stationnement des escadrilles pendant ce conflit.

L’article complet et illustré de Michel Ballan dans l’Echo de Vorges 58

Auteur : Michel BALLAN